Jacques-Louis David (1748-1825)

17 mars 2011

Bélisaire demandant l’aumône, Jacques-Louis David Paris, musée du Louvre © Photo RMN - Daniel Arnaudet

Etat civil

Nom : Jacques-Louis David

Dates : 1748-1825

Qualités : Premier peintre de Napoléon Ier depuis 1804

http://www.histoire-image.org/media/media.php?i=369&s=1
Découvrez l'étude animée du tableau Madame Récamier sur notre site L'histoire par l'image

Découvrez l

Une formation académique : entre le rococo et le néoclassicisme

Jacques-Louis David est né en 1748, dans une famille de la bourgeoisie parisienne. Sa mère, Marie-Geneviève, née Buron, appartient à une dynastie de maîtres maçons qui fréquente les peintres et sculpteurs.

David est également parent du peintre François Boucher, artiste favori de Madame de Pompadour et représentant éminent du rococo (style précieux, particulièrement développé sous le règne de Louis XV, caractérisé par la profusion et la surenchère ornementale). Célèbre peintre du XVIIIe siècle, François Boucher est surtout connu pour la grâce et la sensualité de ses scènes mythologiques et pastorales.

David rencontre François Boucher en 1764. Celui-ci le confie à Joseph-Marie Vien, précurseur du retour à l’antique dans la peinture, qui introduit et développe une peinture d'Histoire dont les détails du décor et de l’architecture s’inspiraient d’objets archéologiques (goût "à la grecque"). David, précoce, suit l’enseignement de Vien à l’Académie royale de peinture et de sculpture.

La leçon de Rome

C’est après s’être présenté à trois reprises sans succès au concours du Grand Prix de Rome pour achever sa formation en Italie, que David est accepté avec son tableau Antiochus et Stratonice, en 1774. Il trouve son style pendant ce séjour à Rome, en copiant les chefs-d'œuvre des antiques et des maîtres italiens. David s’y forme à toutes les techniques (mine de plomb, peinture sanguine...) et trouve un nouvel idéal de rigueur "classique".

Sa recherche d’un style nouveau autant que sa quête académique le conduisent à composer de grandes peintures d’histoire. Quelques tableaux exposés au Salon lui apportent la notoriété : notamment le Saint Roch intercède la ville pour la guérison des pestiférés (musée des Beaux Arts de Marseille), grande composition magistrale inspirée de la peinture italienne du XVIIe siècle.

David revient à Paris en 1781 et expose le Bélisaire demandant l’aumône (musée du Louvre), où l’on perçoit l’héritage de Nicolas Poussin. Il reprend la structure et la gestuelle des bas reliefs et des frises antiques pour traiter des sujets marqués par la morale, la mort, avec une intense théâtralité. Pour la réception de son mariage avec Charlotte Pécoul, il peint, en 1783, La Douleur d’Andromaque (musée du Louvre).

D’autres drames antiques lui inspirent librement des tableaux qui feront sa réputation : Le Serment des Horaces (musée du Louvre), de 1785, fait de David le chef de file du néoclassicisme, qui s’épanouit de 1750 à 1830. Avec ce manifeste, il livre un véritable modèle pour la peinture de son temps : un tableau d’histoire à la composition exemplaire et rigoureuse, une œuvre portant la marque de l’Antiquité, un sujet hautement moral, une leçon de patriotisme radical et inspiré.

Le néoclassicisme s’affirme en réaction au Rococo en rejetant les sujets « plaisants » et légers alors très appréciés (scènes mythologiques prétexte aux nus charmants, aux fêtes et aux plaisirs…)."

S’inspirant de l’art antique, les artistes néoclassiques renouent avec le « grand style », à la manière des peintres français du XVIIe siècle, Poussin et Le Brun. Ils mêlent dans leur œuvre la connaissance de l’art gréco-romain et l’observation d'une nature reproduite avec une précision et une sensibilité nouvelle. Il faut dire que les sources antiques sont accrues par les travaux des archéologues contemporains (découvertes de Pompéi et d’Herculanum respectivement en 1710 et en 1748), notamment Winckelmann, dont les artistes partagent la théorie esthétique du "beau idéal". Selon l’historien Quatremère de Quincy, pour les jeunes peintres du début du XIXème siècle, le néoclassicisme se définit en effet comme la "noble simplicité et sereine grandeur de Winckelmann".

La Révolution

À la veille de la Révolution, David achève Les licteurs rapportant à Brutus le corps de ses fils morts. Derrière le héros Brutus, on aperçoit le cortège funèbre. Ce tableau exalte les vertus civiques romaines dans l’esprit des Lumières. Durant la Révolution, David est élu député, président de la Convention et même membre du Comité de Sûreté générale sous la Terreur. Le peintre passe alors de l’histoire antique à l’histoire nationale. En 1790, il réalise une grande toile qui commémore l’évènement révolutionnaire du Serment du Jeu de Paume (château de Versailles) du 20 juin 1789 où les députés du Tiers Etat s’engagent à ne se séparer qu’après avoir donné une constitution à la France.

David est l’un des instigateurs de la suppression de l’ancienne Académie royale de peinture et de sculpture, en 1793. Il peint trois tableaux célébrant les nouveaux martyrs de la liberté : Le Pelletier de Saint Fargeau (1793), Marat assassiné (1793) et Le jeune Barat (1794, musée Calvet, Avignon). Il applique avec une redoutable efficacité les codes iconographiques de la peinture religieuse (Marat est présenté dans sa baignoire comme un Christ en déposition de croix).

Le Directoire

Entraîné par la chute de Robespierre, David est emprisonné deux fois en 1795. Il revient alors à l’inspiration antique et réalise L’Enlèvement des Sabines (musée du Louvre). Ce tableau, présenté en 1799 dans une exposition payante, représente la pacification entre les Romains et les Sabins. Plaidant en image pour une réconciliation nationale, l’œuvre est un écho aux évènements contemporains, à la répulsion pour la Terreur et aux massacres. David peint peu après une série de portraits à mi-corps dont celui de Madame Récamier (1800, Musée du Louvre). Il donne à ce personnage mondain du tournant du siècle tous les attributs d’une nouvelle patricienne.

David et Napoléon

David admire Napoléon Bonaparte, premier consul, général vainqueur. En 1801, son célèbre Bonaparte au Grand-Saint-Bernard (château de Malmaison) montre le héros national, entré dans la légende après Hannibal et Charlemagne.

David est nommé premier peintre le 18 décembre 1805. Napoléon Ier utilise sa peinture pour sa propagande. David retrace alors dans son œuvre les fastes du nouveau régime impérial. Le Sacre de l’empereur Napoléon 1er et couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 (musée du Louvre), achevé en 1806, est l’une des œuvres les plus emblématiques de cette période, et une magistrale galerie de portraits.

Par la suite, David sert toujours plus cette nouvelle iconographie impériale, comme en 1812 à travers le tableau L’Empereur dans son cabinet de travail (National Gallery of Art, Washington), qui célèbre Napoléon en travailleur infatigable. La dernière toile de David vue par Napoléon est Léonidas aux Thermopyles (musée du Louvre) réalisée entre 1800 et 1814, un retour aux sujets de moralité néoclassique et patriotique, dont la conception remonte à L’enlèvement des Sabines.

Exilé à Bruxelles sous la Restauration, David y réalise entre 1821 et 1824 sa dernière grande œuvre, Mars désarmé par Vénus et les Grâces (musées royaux des Beaux Arts de Belgique, Bruxelles) et de nombreux portraits.

Les disciples de David

David dirige le dernier des grands ateliers de maîtres de l'histoire de la peinture occidentale. Leur longue tradition était née avec la Renaissance et les maîtres italiens.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’apprentissage en atelier est l’un des passages obligés de la formation académique des peintres. David y accueille Anne-Louis Girodet en 1784, Antoine-Jean Gros en 1785, François Gérard en 1786 et Jean-Auguste Dominique Ingres en 1797. Leurs œuvres mêlent l’influence du maître et la référence à la tradition incarnée par Raphaël et Poussin.

La construction d’une esthétique davidienne marque le travail de ces élèves avant qu’ils ne s’affirment comme les peintres officiels de l’Empire. Ils font tous le voyage à Rome, où ils copient les antiques. Girodet s’oppose alors à David en cherchant d’autres modèles et en traitant des sujets "terribles", contraires à l’idéal imposé par son maître.

Girodet travaille avec Gros dont l’œuvre s’inscrit aussi en dehors des critères académiques imposés par David. Son œuvre préfigure le XIXe siècle, où le séjour à Rome ne sera plus fondamental pour la carrière d’un artiste. Gérard, dont la peinture d’histoire peine au début à trouver preneur, devient le portraitiste attitré de la cour impériale de France. Girodet, Gérard et Gros s’émancipent de l’enseignement de David en traitant également des sujets littéraires dans leur œuvre.

Des amis : François Boucher, Joseph-Marie Vien, Robespierre, Napoléon Bonaparte

Une œuvre-clé : Le sacre de l’Empereur Napoléon Ier (Musée du Louvre)

 

 

Mots-clés
A lire aussi
Tout le magazine